L’association Te mana o te moana – L’esprit de l’océan – soigne les tortues blessées, publie des documents pédagogiques pour les enfants et préserve et retrace inlassablement l’histoire des tortues marines de Polynésie.
TEXTE : LUCIE RABRÉAUD - PHOTOGRAPHIES : TE MANA O TE MOANA
Des clapots sont forts ce jour-là. Le vent balaye le sable blanc de la plage, s’engouffre entre les pilotis et agite les palmes de cocotiers. Tortilla, grosse tortue imbriquée –également appelée tortue à écailles – de plus de 50 ans, et Matapo, aveugle et sans odorat, sont là, tranquillement posées, à se laisser bercer par la houle. Cécile Gaspar, docteur vétérinaire et présidente de Te mana o te moana, les contemple avec tendresse. Elles font partie de la maison et ne repartiront plus vers le large, faute de pouvoir se nourrir seules. Les autres tortues qui pataugent alors dans les bassins, ne sont que de passage. Sur 400 d’entre elles récupérées par la clinique depuis sa mise en place en 2004, 193 ont retrouvé la liberté après leur rétablissement. La plupart ont été blessées par l’homme : filet, hameçon, harpon. D’autres sont trouvées dans les nids, trop épuisées à chercher la sortie. Elles ont été sauvées par l’association Te mana o te moana qui les regarde grandir au fil des jours et surveille attentivement leur évolution. De nouveaux bébés pourraient arriver dans les semaines à venir car la saison des pontes commence en septembre ou octobre pour se terminer en mai.
Sauver les tortues et les soigner comptent parmi les missions de cette association. Éduquer, faire de la recherche et de la conservation sont aussi certains de ses objectifs. En douze ans, 80 000 enfants ont été sensibilisés à la cause marine. Divertissements, programmes pédagogiques, lâchers de bébés tortues…, Te mana o te moana met tout en oeuvre pour apprendre aux plus jeunes à reconnaître ces espèces biens particulières de l’ordre des reptiles, à aimer leur environnement marin, tout autant qu’à protéger les coraux. À côté des bassins, un bureau et une salle pédagogique ont été aménagés à l’hôtel Intercontinental de Moorea où est basé l’association. Des jeux ont d’ailleurs déjà été installés sur les tapis ; Cécile attend justement la visite d’un groupe d’enfants qui ne devrait pas tarder. Entre livres et différents outils, elle sort des merveilles : un vrai fanon de baleine, un dard de raie, des coquilles d’oeufs de tortues. « Sur cent tortues, une seule arrivera à l’âge d’un an et sur mille, une seule jusqu’à l’âge de se reproduire», précise Cécile Gaspar. Des chiffres qui montrent l’importance de préserver l’espèce.
Pour réussir à mieux protéger les tortues mais aussi toutes les autres espèces marines et les coraux, Cécile Gaspar a participé à la mise en place du Réseau Océan Mondial. Présent dans plus de quatre-vingt pays, l’objectif de ce réseau est d’échanger, d’informer, de mobiliser et d’agir. Sur le site de l’association Te mana o te moana, tout un chacun peut enregistrer en ligne ses observations sur l’Observatoire des tortues marines en Polynésie française. Un autre réseau, Reef Check, a été relancé en 2014 pour surveiller et protéger les récifs coralliens. L’association multiplie les initiatives et les collaborations pour toujours mieux protéger l’océan et ses habitants.
Te mana o te moana
Tél : 40.56.40.11 ou 87.71.53.44
temanaotemoana@mail.pf
www.temanaotemoana.com