Teanavai a tout juste 22 ans et travaille depuis quelques mois seulement à la maintenance d’Air Tahiti. Elle est la première Polynésienne mécanicienne au sein de la compagnie aérienne.
Parcours
Après un bac professionnel « électrotechnique, énergie, équipements communicants » au lycée de Papara, Teanavai est partie six mois en Nouvelle-Zélande parfaire son anglais avant de rejoindre l’école supérieur des métiers de l’aéronautique (ESMA) à Montpellier afin d’obtenir une licence pro maintenance aéronautique (un cursus d’un an et demi).
Un souvenir
Je viens de débuter, mais je dois dire que la fierté de ma maman quand elle m’a vue pour la première fois dans ma tenue de mécano a été un moment fort pour moi. Sinon, au travail, mon meilleur souvenir pour l’instant a été mon premier point fixe. À chaque fois qu’on intervient sur un avion, à la fin du chantier on fait tourner les moteurs. L’avion ne se déplace pas, mais tout vibre, les moteurs sont poussés à fond, le bruit est très impressionnant. J’ai adoré !
Teanavai hellouin-Sanford aime depuis toujours les avions et mettre les mains dans le cambouis ne lui fait pas peur. Depuis quelques mois, elle est la première mécanicienne polynésienne à travailler chez air tahiti. Un métier qui nécessite beaucoup de rigueur.
Vous êtes la première mécanicienne avion polynésienne d’air tahiti, est-ce que c’est un rêve de petite fille ?
Enfant je voulais être hôtesse de l’air. En 4e, dans le cadre de la présentation des métiers et de l’orientation, je m’imaginais pilote, mais je n’avais pas de super notes. L’idée de devenir contrôleuse aérienne m’a aussi traversé l’esprit, mais je ne voulais pas faire de longues études, j’espérais rentrer rapidement sur le marché du travail. Puis j’ai pensé à devenir mécanicienne auto, car j’ai toujours vu mes cousins bricoler et j’aimais ça, mais là, mon papa n’a pas voulu ! Finalement, il a été d’accord pour que je devienne mécanicienne avion. J’ai toujours aimé les avions, l’idée du départ… Plusieurs de mes proches évoluent dans le milieu aérien.
Quel cursus avez-vous suivi ?
Mon conseiller d’orientation en 3e m’a dirigée vers un bac pro électrotechnique à Papara, car il y a des modules communs pour devenir mécano, comme le module électricité. Idem pour l’électronique. Même si j’ai validé mes deux modules à Papara, une fois en France, j’ai préféré les repasser, j’avais peur d’avoir manqué quelque chose, de ne pas être au niveau.
On imagine souvent que le métier de mécano est réservé aux hommes. Vous tordez le cou au cliché !
A Papara, j’étais la seule fille avec trente-deux garçons ! Quand on est une fille, il faut savoir s’imposer et se montrer performante pendant les ateliers techniques. Je n’ai pas eu à souffrir d’être la seule fille, ça s’est très bien passé. à Montpellier, j’étais également la seule fille de ma classe. Et chez Air Tahiti, je suis à nouveau la seule fille à ce poste. J’ai été très bien intégrée, même si je sais qu’au début certains se sont interrogés sur le fait de recruter une fille. Fille ou garçon, il faut faire ses preuves et montrer qu’on a envie de faire ce métier. C’est parfois un peu compliqué avec les pièces les plus lourdes, mais j’essaye toujours de me débrouiller toute seule avant de me tourner vers l’aide-mécanicien. C’est un métier physique mais pas fermé aux femmes.
Justement, quelles sont les qualités indispensables pour faire ce métier ?
Il faut de la rigueur, du sérieux, de la discipline. Nous avons la responsabilité des passagers et de l’équipage. Tout doit être fait avec précision, c’est nous qui autorisons l’avion à partir ou pas.
Quel conseil donneriez-vous à de jeunes polynésiens qui souhaitent embrasser ce métier ?
Il faut être passionné, car il ne faut pas avoir peur de mettre les mains dans le cambouis. Mais c’est tellement fabuleux quand tu commences un chantier, que tu démontes tout l’avion, qu’il ne ressemble presque plus à rien, pour ensuite le remonter pièce par pièce. Il faut compter en moyenne un mois de travail, voire plus !
Le métier
Mécanicien aéronautique
La maintenance aéronautique, de la réparation du train d'atterrissage au contrôle technique, n'a pas de secret pour le mécanicien d'entretien d'avion. De sa compétence dépend la vie de milliers de passagers.
Le travail du mécanicien sur les avions consiste essentiellement à prévenir les pannes. La sécurité des passagers et des personnels de bord réclame un entretien régulier et rigoureux. Pour les avions de transport, il faut respecter un protocole très précis, prévu par le constructeur. Les mécaniciens inspectent toutes les parties de l'appareil. Des personnes différentes effectuent souvent les mêmes tests, à plusieurs reprises, par sécurité. Démontage et examen précis des pièces métalliques et de l'habitacle permettent de repérer les défauts éventuels. Le mécanicien expérimenté règle ou échange les moteurs et les commandes de vol. Sur les avions légers, en aéroclub, il conduit les visites d'inspection régulières, et assure la révision complète dès 2 000 heures de vol. Polyvalent, il intervient sur l'ensemble des structures de l’appareil.
Des compétences diversifiées requises
De plus en plus de systèmes à bord sont commandés par ordinateur. Le mécanicien possède des compétences diversifiées avec des spécialisations : en cellule, moteur, électricité, sur les turbopropulseurs et les équipements électriques, sur les instruments de bord, sur la structure (enveloppe extérieure de l'avion), etc. Par ailleurs, le mécanicien doit nécessairement maîtriser l'anglais pour comprendre la documentation technique mais aussi, éventuellement, pour travailler à l'étranger.
Rigueur et logique
Le métier nécessite rigueur, logique et soin. Le mécanicien doit montrer des qualités d'analyse et rechercher la panne avec patience. Il doit également avoir une bonne condition physique (positions difficiles, port de charges...).
Sur piste, il doit réagir rapidement et avec sang-froid. Les montages mécaniques cédant la place aux systèmes électroniques et électriques, le mécanicien doit s'adapter à l'évolution des technologies et à l'apparition de nouveaux types d'avions. Il met ses connaissances à jour en permanence.
A l'atelier ou sur la piste
Quand il travaille dans un hangar de maintenance, le mécanicien est chargé d'une série d'opérations. Sur piste, il doit faire vite pour vérifier les points de contrôle importants avant le départ : pression des pneus, huile du moteur, etc.
Il travaille avec d'autres spécialistes. Les chefs d'équipe et les contrôleurs supervisent les travaux effectués et les points sensibles de l'appareil.
Des conditions de travail variées
Les horaires en atelier sont, en général, réguliers et de jour, mais peuvent avoir lieu la nuit, le week-end ou les jours fériés. Dans le hangar de maintenance, les mécaniciens portent des protections contre le bruit et les produits toxiques.
Des mécanismes spécifiques et le travail en équipe permettent de soulever les pièces d'avion qui sont, en général, volumineuses et lourdes.
Dans certaines compagnies, les déplacements pour des dépannages en France ou à l'étranger sont fréquents.
Les qualités requises:
♦ Résistance physique
♦ Maîtrise de l'anglais
♦ Capacité à délivrer des rapports
♦ Goût du travail en équipe
♦ Endurance au stress
♦ JUSQU'AU BACCALAURÉAT, CAP OU ÉQUIVALENT
¤ CAP Aéronautique
¤ Bac ou équivalent
• Bac pro Aéronautique
• Bac pro Électrotechnique, énergie,
équipements communicants
¤ Après le baccalauréat
• MC Aéronautique
• BTS Aéronautique
♦ SON ÉVOLUTION :
Si le débutant effectue les montages et démontages simples, après deux ans de pratique, il peut se charger d'opérations plus complexes en assistant le metteur au point. Lorsque son expérience est solide, il devient à son tour metteur au point et intervient seul dans les dépannages. Il peut ensuite être promu chef d'équipe, puis contrôleur. Selon la mobilité interne et son diplôme de départ, il peut éventuellement évoluer vers des fonctions en bureau d'études.
♦ SON SALAIRE :
En fonction des qualifications et de l'expérience, le salaire d'un mécanicien aéronautique peut être très variable. Le salaire minimum de base sans expérience démarre autour de 230 000 Fcfp par mois.
Où se former ?
♦ À TAHITI
Quatre établissements proposent un bac pro électrotechnique, énergie, équipements communicants lycée professionnel Saint-Joseph de Punaauia, lycée professionnel Atima de Mahina, section d’enseignement professionnel du Taaone et section d’enseignement professionnel de Papara.
♦ En France
En métropole, il existe plusieurs établissements dont vous pouvez retrouver les coordonnées sur le site Internet de l’Onisep (www.onisep.fr)